Technico-économie en élevage laitier Les leviers à actionner pour améliorer les résultats de reproduction
Beaucoup de paramètres influencent l’efficacité de la reproduction. Pour l’améliorer, autant cibler ceux qui ont le plus de poids sur les résultats économiques, comme évoquée lors de la journée Bov'Idée organisée par Synthèse Elevage : la détection des chaleurs, l'alimentation, et le mois moyen en lactation.
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Alimentation, sanitaire, conduite d’élevage, génétique… Nombreux sont les paramètres qui influencent la reproduction. Autant cibler ses efforts sur les facteurs ayant le plus d’impact sur les résultats. Si certains paramètres dépendent de la vache, beaucoup d’autres reposent sur la gestion de l’élevage « et là, on peut agir efficacement », encourage Geert Opsomer, vétérinaire à l’université de Ghent, en Belgique.
Détecter les chaleurs
Pour améliorer les résultats de repro, le premier facteur est humain avec la bonne détection des chaleurs. L’augmentation de la taille des troupeaux peut la rendre plus compliquée. De plus, la durée des chaleurs est plus courte chez les génisses.
Les chaleurs sont également moins bien exprimées chez les fortes productrices. C’est le foie qui synthétise les hormones ; plus la production laitière est importante, plus il y a de sang à passer par le foie et les hormones sont alors diluées. Les différents outils de détection des chaleurs sont une aide efficace. Ils seront complétés par des diagnostics de gestation systématiques pour remettre rapidement à la reproduction les vaches vides.
Abaisser le mois moyen en lactation
Un autre facteur qui influence les performances technico-économiques est le mois moyen en lactation. L’idéal est d’arriver à un stade moyen des 150 jours. Pour cela, il faut des IA précoces et une bonne gestion des vaches en retard.
Pour que les vaches puissent être remises rapidement à la reproduction, il faut qu’elles aient une bonne activité utérine et ovarienne, qu’elles produisent des ovocytes de qualité. Inséminer dès les premières chaleurs ou attendre, les avis divergent. « Les follicules qui ont grandi en période de stress métabolique ne seront pas de qualité optimale. Mieux vaut attendre les chaleurs suivantes donc pas d’IA avant 50 jours », conseille Geert Opsomer. Bertrand Méline (consultant en nutrition) au contraire, vise une IA à 40 jours « avec un follicule qui s’est développé pendant le tarissement, avant le déficit énergétique ».
Diminuer le mois moyen en lactation demande aussi de réduire le nombre de vaches en retard. « Il faut que 80 % des vaches aient été vues en chaleur dans les 50 jours post partum pour qu’il y ait moins de 20 % des vaches inséminées après 90 jours », chiffre Bertrand Méline. Pour les vaches non vues en chaleur, un examen vétérinaire permettra de vérifier si elles présentent ou pas une anomalie du cycle ovarien. Pour éviter de garder des vaches qui trainent, il est conseillé de se fixer des critères de réforme. « Cela peut être d’arrêter les IA après 200 jours », partage le consultant.
Bien repérer les chaleurs, inséminer les vaches au bon moment ne suffit pas toujours à améliorer le taux de conception. « La technique d’insémination et la qualité de semence jouent aussi. Il peut être intéressant de regarder les fécondations selon le taureau et l’inséminateur qui a posé la paillette », conseille Geert Opsomer.
Favoriser l'ingestion
« L’alimentation est un des leviers pour améliorer la reproduction de son troupeau », rappelle Jean-Marc Heliez, vétérinaire nutritionniste de la société Chêne Vert. L’énergie est le premier facteur alimentaire qui joue sur la fertilité. Une perte d’état corporel marquée est corrélée avec une mauvaise reproduction, car le déficit énergétique pénalise la qualité de l’ovulation et l’expression des chaleurs.
Il faut viser une note d’état corporel de 3 au vêlage. Une vache qui aurait une perte de plus d’un point de la note d’état corporel dans les 30 jours après vêlage, risquerait une hausse de l’intervalle vêlage/1e ovulation comme de la mortalité embryonnaire. Le stress métabolique est particulièrement à craindre autour du vêlage quand les besoins énergétiques augmentent bien plus que les capacités d’ingestion. « Les besoins en énergie sont multipliés par 4 dans la semaine qui suit le vêlage, chiffre Jean-Marc Héliez. Le pic de déficit est souvent atteint la 2e semaine après vêlage et il faut 45 jours pour retrouver un bilan énergétique positif ».
Pour minimiser la perte d’état, le premier levier est l’ingestion, plus efficace que la seule reconcentration de la ration en début de lactation. Il faut travailler sur l’ingestion pendant le tarissement, en limitant l’énergie en début de tarissement pour que la vache compense par de l’ingestion et reconcentrer en fin de tarissement. Pour la première moitié du tarissement, la ration peut s’établir à 0,75 à 0,8 UFL/kg MS et 15% maximum d’amidon. En préparation vêlage, elle passera à 0,8 à 0,85 UFL/kg MS et 19% maximum d’amidon. Cette ration plus riche en amidon facilitera aussi la transition alimentaire et le développement des papilles ruminales.
Atténuer l’impact des stress thermiques
Le stress thermique perturbe la production des vaches laitières, mais aussi leur reproduction. Les perturbations sur le fonctionnement ruminal, la respiration et le rythme cardiaque diminuent le flux sanguin vers l’utérus, donc la nutrition du fœtus. Une génisse née après avoir subi un stress thermique in utero sera plus légère, avec une mise à la reproduction plus tardive. Sa compétence immunitaire sera altérée et elle produira moins.
Un coup de chaud pénalise aussi la mise à la reproduction : moindre qualité des ovocytes, des chaleurs moins bien exprimées, hausse de la mortalité embryonnaire. Un épisode de stress thermique diminue de 5,7 % le taux de réussite en 1ère IA des primipares et de 6,6 % celui des multipares. Le taux de gestation par IA est autour de 30 % quand le THI est entre 40 et 60, c’est-à-dire sans stress thermique pour les bovins. Quand il atteint 72, soit 25°C et 60 % d’humidité relative, ce qui correspond à un stress, le taux de gestation chute à 25 %. Pour une reproduction efficacité, il est donc primordial d’amoindrir l’impact de la chaleur (ventilation, abreuvement…) et d’éviter les IA en période très chaude.
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